vendredi 17 octobre 2014

La ferme de Solferino, 16 septembre au 7 octobre


Nos hôtes


Nous avons travaillé durant trois semaines dans une ferme tenue par deux femmes : Coleen la maman et Melinda la fille. Elles se sont montrées attentionnées et gentilles avec nous, à souvent nous demander si on avait besoin de quelque chose ou si on ne manquait de rien. Elles sont cultivées et intéressantes, et nous avons passé de nombreuses heures à discuter avec elles de politique, d’éducation, du mode de vie australien, de cuisine... ça nous a permis d'affiner notre anglais, même si nous passions la plupart du temps nos journées seulement tous les deux, et que finalement le plus grand vocabulaire que nous ayons acquis là bas est surtout celui de la ferme !


Nous ne vivions pas avec elles dans leur grande et belle maison, mais nous étions dans une sorte de petit studio pas très loin avec une chambre et une petite salle de bain toilettes assez vieillotte ( bêbettes dans la douche tous les jours, mais bon on ne va pas faire les difficiles hein!). Du coup, nous prenions les repas avec elles matin midi et soir. C'était un peu spécial car nous avons bien compris qu'elles ne voulaient pas que nous entrions chez elle comme dans un moulin à vent, et nous ne sommes d'ailleurs jamais allés au delà de la cuisine ou nous mangions ou bien du bureau ou il y avait l'ordinateur. Cette relation était vraiment particulière, car en période de travail, elles étaient nos supérieurs, nos chefs, alors qu'en période de repos, nous mangions avec elles et discutions comme si nous étions des « amis ». Melinda nous a d'ailleurs emmené voir les koalas sauvages et les emeus, et nous avons bien rigolé avec elles ! Donc il est vrai que des fois nous ne savions pas quelle attitude adopter.




En plus de ça, nous étions complètement dépendants d'elles, la ferme étant seule au monde dans la campagne environnante, et en trois semaines nous ne sommes pas sortis une seule fois... Eléa commençait à en devenir folle ! Ahah.


Les horaires n'ont jamais été fixées réellement avec nos employeurs et c'est ce qui nous a un peu dérangés au final. Nous ne savions jamais d'une heure à l'autre ce que nous allions faire, ni si on allait avoir une pause, ni même à quelle heure nous allions manger, et ce manque de structure ne rassure pas beaucoup.  
Nous n'avions pas d'accès à internet dans notre petit studio et nous devions donc leur demander l'autorisation d'aller sur leur ordinateur, elles n'ont jamais refusé mais nous avions l'impression de gêner, de déranger...

Une vie de fermier


Durant ces trois semaines, nous avons vécu un rythme de travail assez soutenu, grosso modo on a fait du 7h-17h30 avec une heure de pause en tout dans la journée. Et avec la chaleur et le soleil de plomb, c'était pas du gâteau.


 On a fait pas mal de choses différentes, même si la dernière semaine on commençait à vraiment se lasser de faire toujours les mêmes choses, et peu gratifiantes en plus. En effet, nous tenions plus des « larbins de fermiers » que de fermiers en soi, mais il ne fallait pas s'attendre à plus, nous n'avons aucune expérience particulière et si elles nous payaient c'était sans doute pour avoir à éviter de se taper les boulots trop difficiles...
Bref, les 5 premiers jours, on a passé nos journées à nettoyer une vieille maison au fond d'un champs, qui était entièrement vide et qui attendait de la famille qui venaient s'installer la semaine suivante. Nous devions donc remettre la maison en état, et ce n'était pas une mince affaire. Entre moisissure à gratter sur les murs, toiles d'araignées, tartre et rouille... on ne s'est pas ennuyés ! L'avantage c'est qu'on était tranquilles tous les deux, et Melinda nous a même prêté un vieux poste de radio et ses cds d'adolescente : ça swinguait grave sur les beach boys !


Ensuite, nous avons du nous occuper de nettoyer les bacs à eau des animaux situés un peu partout sur la propriété. Vider l'eau, frotter avec un vieux balais et essayer de faire sortir la boue, les bêtes, les mouches et les moisissures , pour éventuellement rendre l'eau moins verte...




Nous devions aussi (souvent le matin) partir en pick up et faire un grand tour de la propriété pour vérifier les niveaux d'eau dans les grands conteneur, sachant que pour un tour de la propriété il faut en fait compter une heure et demi de route ! Et Melinda a bien insisté sur le fait qu'ils avaient une PETITE ferme.






Généralement tous les jours après le déjeuner, nous nous occupions du poulailler ( le chook), à savoir récupérer les œufs , les nettoyer un à un, les mettre au frais, donner des graines et les restes de bouffe au poules, ainsi que de l'eau.



Un jour sur deux, nous devions aller chercher du fumier pour les vaches dans une espèce de carrière. On partait à 3, chacun conduit un camion, le plus souvent il y avait aussi des remorques accrochées aux pick up. A l’intérieur il y avait les « drums » , sorte de grands bacs circulaires en plastique lourd. Melinda se servait d'un petit tracteur pour aller chercher le fumier et l'amener jusque dans les drums, et pendant ce temps là nous avions pour mission d’empêcher les vaches d'approcher de l'endroit où elle se trouvait, autant dire : la galère ! Ahahah !
Les vaches sont plus têtues les unes que les autres et surtout..... très nombreuses ! Au début nous étions vraiment stressés et avions peur qu'elles décident tout à coup de nous charger, mais Melinda nous a montré qu'en réalité elles ont extrêmement peur des humains, et donc qu'il suffit de pousser un petit cri en s'avançant vers elle et en la regardant dans les yeux pour qu'elle recule.






Et bien les amis je peux vous dire qu'on s'est bien amusés à hurler, baver, sauter, courir, faire le singe devant ces centaines de têtes de vaches étonnées. 

Maintenant : nous sommes vaccinés !


Après avoir récupéré le fumier, nous devions nous rendre dans les enclos et faire descendre les drums remplis de fumiers sur le sol. Pour cela nous devions les faire glisser sur une sorte de barre en métal en tirant dessus très fort, et puis récupérer tout le fumier restant à la pelle pour finir de les remplir. C'était le travail le plus physique et difficile, car il faisait très chaud, et c'était vraiment intensif.

En plus de tout ça, nous avons passé environ 4 jours dans le jardin de notre fermière à faire du jardinage. Nous avons coupé quantités de buissons, arbustes, arbres et fleurs de toutes sortes.

Nous avons aussi passé environ 5 jours à pulvériser du désherbant le long du lit d'un cours d'eau complètement à sec. Là on partait carrément le matin avec un pique nique dans notre pick up, et on y passait la journée : ce furent les journées les plus longues et les plus ennuyeuses. On devait marcher au soleil pendant des heures, avec une chemise à manches longue, des gants, des lunettes de protection, le chapeau, et même un espèce de masque sur la bouche et le nez, et porter une grosse bonbonne remplie de liquide toxique pour pulvériser. On devait également porter une très grosse bouteille d'eau bien lourde, bref... pas que du bonheur !




Les deux derniers jours, nous avons du nettoyer (intérieur et extérieur) tous les véhicules de la ferme ainsi que la voiture personnelle de Coleen.














Ce furent trois semaines difficiles, physiques et fatigantes, mais on est fers de nous et nous avons au moins appris une chose : le goût de l'effort... 

AHAHAHAH




3 semaines au milieu du Queensland


Pour vous aider à situer sachez que le Queensland est l’Etat qui occupe le Nord-Est de l’Australie, sa capitale est Brisbane et son surnom The Sunshine State. A un petit millier de kilomètre au Nord-Ouest de Brisbane, se trouve Clermont, une ancienne ville minière fondée en 1864 et nommée en l’honneur de la capitale auvergnate où habitent paisiblement 2177 habitants et un piano dans un arbre (qui s’y est accroché après la précédente inondation), le tout à 2 heures de route de l’aéroport ou du McDonald le plus proche. Mais il faut encore rouler une petite heure à travers le désert pour atteindre la ferme de Solferino.


La maison principale est bâtie en bois, sur pilotis, et a un petit air de maison coloniale de Floride. Le jardin à l'anglaise contraste avec la nature desséchée que l'on trouve à l’extérieur de la clôture. Coleen préserve ce carré de verdure en prévision du mariage de son fils, en avril prochain. Autour d'une grande cour où sont généralement garés les picks-up se dressent trois grands garages en tôle ondulée où sont entreposés tracteurs, motos, quads, tondeuses et autres, ainsi que des tonnes (au sens propre) d'outils en tout genre, matériel de rechange, des hectolitres de carburant et suffisamment de désherbant et poison pour rayer une petite forêt de la carte.









Notre séjour à la ferme a été riche en paysages et en couleurs. Lever du soleil, coucher du soleil, terre ocre, eucalyptus... Nous avons vu de magnifiques paysages, malheureusement très secs et jaunis par l'effet du soleil et l'absence de pluie ! Nous avons vu de nombreux koalas sauvages, des dizaines et des dizaines de kangourous sauvages, des émeus, des perroquets aux milles couleurs... pourquoi payer l'entrée d'un zoo lorsqu'on a la nature autour de soi et autant d'animaux en liberté ?  











How can I live without smoko ?

Le rythme des repas en Australie a peu de choses en commun avec celui que nous connaissions (comme quoi l’estomac peut parfois s’adapter de façon spectaculaire). Les causes de ces collations à horaires saugrenues sont probablement le Soleil (qui se couche ici vers 17h30), le travail en extérieur (qui nous fait dépendre du temps, de la lumière, de la chaleur…) mais surtout de cette chose très étrange et particulièrement exotique que l’on appelle « culture anglo-saxonne ».

Sans prétendre pouvoir décrire le comportement de tous les australiens, nous pouvons donner un petit aperçu de ce que nous avons vécu durant trois semaines. Le premier repas, et non le moindre, de la journée est le breakfast : pris à 6 h 30, il est composé d’un œuf ou deux, cuit de 5 ou 6 manières différentes (mais que la langue française ne me permet malheureusement pas d’énumérer) mais toujours servi sur un toast BEURRÉ (d’ailleurs sachez qu’un toast est forcément beurré). Le tout est généreusement accompagné du traditionnel Do you want a cup of tea ? que nous retrouverons plus loin.

Le deuxième repas est le fameux smoko, inconnu en France, et qui est typique des fermes australiennes. Il s’agit bien sur d’une tasse de thé, prise sur le coup de 10 h et accompagnée de beaucoup de biscuits, scones, et autres gâteaux sucrés ou salés. A première vue ce « goûter du matin » ne semble pas essentiel mais étant donné que vous venez de nourrir des vaches durant 3 heures (ce qui vous a bien sûr ouvert l’appétit) et que vous allez probablement y retourner, on ne refuse pas. Et puis de toute façon c’est une tradition, ça ne se refuse pas, c’est tout !

Le lunch (en self-service à partir de 13h) est beaucoup plus léger que notre déjeuner, il s’agit généralement d’un sandwich (deux si vraiment vous n’avez pas suffisamment apprécié le smoko) et d’une tasse de thé avant de repartir travailler. Le problème principal est que les aliments (pain, fromage, poulet et crudités) sont toujours resservis d’un jour à l’autre et que lorsqu’on ne s’en lasse pas c’est qu’il n’y en a plus (à la fin c’était des sandwichs fromage-ketchup ou ketchup).

Le tea (oui on peut y prendre une tasse de thé) est le repas qui ressemble le plus à son équivalent français, avec un plat chaud et généralement quelque chose de sucré à la fin. Il est servi à 18h30 (ce qui permet de s’écrouler dans son lit à 19h) et est plus convivial, c’est le moment où l’on peut discuter de la vie en Australie avec nos hôtes. Encore une fois, les restes sont à l’honneur puisque Coleen recuisine les mêmes aliments 3 à 4 soirs de suite.


La dernière semaine nous ne discutions plus énormément avec nos employeurs et nous avions la constante impression d'être dans leurs pattes et de les saouler, il était temps de partir !:)

Elles n'avaient plus de travail pour nous, nous avons donc contacté Jo , la manager de l'organisme que nous avons payé cher pour avoir un boulot « garanti pendant trois mois » , elle a mis trois jours à nous rappeler et nous a dit qu'elle n'avait rien et qu'elle nous rappellerai. 
Résultat : ça fait aujourd'hui deux semaines et nous n'avons toujours aucunes nouvelles !!! 

INCROYABLE, nous nous sommes bel et bien fais arnaqués. 

Heureusement, nous ne sommes pas du style à attendre indéfiniment qu'un boulot tombe du ciel, nous avons donc décidé d'empocher notre salaire, et de nous diriger vers la côte est de l'Australie ( océan pacifique), seulement à trois heures de route en bus, et de s'accorder un peu de répit dans une auberge de jeunesse ou nous pourrons alterner baignades et recherche d'emploi, dans un lieu où nous aurions la wifi illimité !

Nous avons donc pris un bus le 7 octobre direction : AIRLE BEACH, paradis pour backpackers.



Le suite de nos aventures dans le prochain article.

Cheeeers

E&B





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