Nos hôtes
Nous avons travaillé durant trois semaines dans une ferme tenue
par deux femmes : Coleen la maman et Melinda la fille. Elles se
sont montrées attentionnées et gentilles avec nous, à souvent nous
demander si on avait besoin de quelque chose ou si on ne manquait de
rien. Elles sont cultivées et intéressantes, et nous avons passé de
nombreuses heures à discuter avec elles de politique, d’éducation, du mode de vie australien, de cuisine... ça nous a
permis d'affiner notre anglais, même si nous passions la plupart du
temps nos journées seulement tous les deux, et que finalement le
plus grand vocabulaire que nous ayons acquis là bas est surtout
celui de la ferme !
Nous ne vivions pas avec elles dans leur grande et belle maison,
mais nous étions dans une sorte de petit studio pas très loin avec
une chambre et une petite salle de bain toilettes assez vieillotte (
bêbettes dans la douche tous les jours, mais bon on ne va pas faire
les difficiles hein!). Du coup, nous prenions les repas avec elles
matin midi et soir. C'était un peu spécial car nous avons bien
compris qu'elles ne voulaient pas que nous entrions chez elle comme
dans un moulin à vent, et nous ne sommes d'ailleurs jamais allés au
delà de la cuisine ou nous mangions ou bien du bureau ou il y avait
l'ordinateur. Cette relation était vraiment particulière, car en
période de travail, elles étaient nos supérieurs, nos chefs, alors
qu'en période de repos, nous mangions avec elles et discutions comme
si nous étions des « amis ». Melinda nous a d'ailleurs
emmené voir les koalas sauvages et les emeus, et nous avons bien
rigolé avec elles ! Donc il est vrai que des fois nous ne
savions pas quelle attitude adopter.
En plus de ça, nous étions complètement dépendants d'elles, la
ferme étant seule au monde dans la campagne environnante, et en
trois semaines nous ne sommes pas sortis une seule fois... Eléa
commençait à en devenir folle ! Ahah.
Les horaires n'ont jamais été fixées réellement avec nos
employeurs et c'est ce qui nous a un peu dérangés au final. Nous ne
savions jamais d'une heure à l'autre ce que nous allions faire, ni
si on allait avoir une pause, ni même à quelle heure nous allions
manger, et ce manque de structure ne rassure pas beaucoup.
Nous n'avions pas d'accès à internet dans notre petit studio et
nous devions donc leur demander l'autorisation d'aller sur leur
ordinateur, elles n'ont jamais refusé mais nous avions l'impression
de gêner, de déranger...
Une vie de fermier
Durant ces trois semaines, nous avons vécu un rythme de travail
assez soutenu, grosso modo on a fait du 7h-17h30 avec une heure de
pause en tout dans la journée. Et avec la chaleur et le soleil de
plomb, c'était pas du gâteau.
On a fait pas mal de choses
différentes, même si la dernière semaine on commençait à
vraiment se lasser de faire toujours les mêmes choses, et peu
gratifiantes en plus. En effet, nous tenions plus des « larbins
de fermiers » que de fermiers en soi, mais il ne fallait pas
s'attendre à plus, nous n'avons aucune expérience particulière et
si elles nous payaient c'était sans doute pour avoir à éviter de se
taper les boulots trop difficiles...
Bref, les 5 premiers jours, on a passé nos journées à nettoyer
une vieille maison au fond d'un champs, qui était entièrement
vide et qui attendait de la famille qui venaient s'installer la
semaine suivante. Nous devions donc remettre la maison en état, et
ce n'était pas une mince affaire. Entre moisissure à gratter sur
les murs, toiles d'araignées, tartre et rouille... on ne s'est pas
ennuyés ! L'avantage c'est qu'on était tranquilles tous les
deux, et Melinda nous a même prêté un vieux poste de radio et ses cds d'adolescente : ça swinguait grave sur les beach boys !
Ensuite, nous avons du nous occuper de nettoyer les bacs à eau
des animaux situés un peu partout sur la propriété. Vider l'eau,
frotter avec un vieux balais et essayer de faire sortir la boue, les
bêtes, les mouches et les moisissures , pour éventuellement rendre
l'eau moins verte...
Généralement tous les jours après le déjeuner, nous nous
occupions du poulailler ( le chook), à savoir récupérer les œufs
, les nettoyer un à un, les mettre au frais, donner des graines et
les restes de bouffe au poules, ainsi que de l'eau.
Un jour sur deux, nous devions aller chercher du fumier pour les
vaches dans une espèce de carrière. On partait à 3, chacun conduit
un camion, le plus souvent il y avait aussi des remorques accrochées
aux pick up. A l’intérieur il y avait les « drums » ,
sorte de grands bacs circulaires en plastique lourd. Melinda se
servait d'un petit tracteur pour aller chercher le fumier et l'amener
jusque dans les drums, et pendant ce temps là nous avions pour
mission d’empêcher les vaches d'approcher de l'endroit où elle se
trouvait, autant dire : la galère ! Ahahah !
Et bien les amis je peux vous dire qu'on s'est bien amusés à
hurler, baver, sauter, courir, faire le singe devant ces centaines
de têtes de vaches étonnées.
Maintenant : nous sommes
vaccinés !
Après avoir récupéré le fumier, nous devions nous rendre dans
les enclos et faire descendre les drums remplis de fumiers sur le
sol. Pour cela nous devions les faire glisser sur une sorte de barre
en métal en tirant dessus très fort, et puis récupérer tout le
fumier restant à la pelle pour finir de les remplir. C'était le
travail le plus physique et difficile, car il faisait très chaud, et
c'était vraiment intensif.
En plus de tout ça, nous avons passé environ 4 jours dans le
jardin de notre fermière à faire du jardinage. Nous avons coupé
quantités de buissons, arbustes, arbres et fleurs de toutes sortes.
Nous avons aussi passé environ 5 jours à pulvériser du
désherbant le long du lit d'un cours d'eau complètement à sec. Là
on partait carrément le matin avec un pique nique dans notre pick
up, et on y passait la journée : ce furent les journées les
plus longues et les plus ennuyeuses. On devait marcher au soleil
pendant des heures, avec une chemise à manches longue, des gants,
des lunettes de protection, le chapeau, et même un espèce de masque
sur la bouche et le nez, et porter une grosse bonbonne remplie de
liquide toxique pour pulvériser. On devait également porter une
très grosse bouteille d'eau bien lourde, bref... pas que du
bonheur !
Les deux derniers jours, nous avons du nettoyer (intérieur et
extérieur) tous les véhicules de la ferme ainsi que la voiture
personnelle de Coleen.
Ce furent trois semaines difficiles, physiques et fatigantes, mais
on est fers de nous et nous avons au moins appris une chose : le
goût de l'effort...
AHAHAHAH
3 semaines au milieu du Queensland
Pour vous aider à situer sachez que le Queensland est l’Etat
qui occupe le Nord-Est de l’Australie, sa capitale est Brisbane et
son surnom The Sunshine State. A un petit millier de kilomètre
au Nord-Ouest de Brisbane, se trouve Clermont, une ancienne ville
minière fondée en 1864 et nommée en l’honneur de la capitale
auvergnate où habitent paisiblement 2177 habitants et un piano dans
un arbre (qui s’y est accroché après la précédente inondation),
le tout à 2 heures de route de l’aéroport ou du McDonald le plus
proche. Mais il faut encore rouler une petite heure à travers le
désert pour atteindre la ferme de Solferino.
La maison principale est bâtie en bois, sur pilotis, et a un petit air de maison coloniale de Floride. Le jardin à l'anglaise contraste avec la nature desséchée que l'on trouve à l’extérieur de la clôture. Coleen préserve ce carré de verdure en prévision du mariage de son fils, en avril prochain. Autour d'une grande cour où sont généralement garés les picks-up se dressent trois grands garages en tôle ondulée où sont entreposés tracteurs, motos, quads, tondeuses et autres, ainsi que des tonnes (au sens propre) d'outils en tout genre, matériel de rechange, des hectolitres de carburant et suffisamment de désherbant et poison pour rayer une petite forêt de la carte.
Notre séjour à la ferme a été riche en paysages et en couleurs. Lever du soleil, coucher du soleil, terre ocre, eucalyptus... Nous avons vu de magnifiques paysages, malheureusement très secs et jaunis par l'effet du soleil et l'absence de pluie ! Nous avons vu de nombreux koalas sauvages, des dizaines et des dizaines de kangourous sauvages, des émeus, des perroquets aux milles couleurs... pourquoi payer l'entrée d'un zoo lorsqu'on a la nature autour de soi et autant d'animaux en liberté ?
How can I live without smoko ?
Le rythme des repas en Australie a peu de choses en commun avec
celui que nous connaissions (comme quoi l’estomac peut parfois
s’adapter de façon spectaculaire). Les causes de ces collations à
horaires saugrenues sont probablement le Soleil (qui se couche ici
vers 17h30), le travail en extérieur (qui nous fait dépendre du
temps, de la lumière, de la chaleur…) mais surtout de cette chose
très étrange et particulièrement exotique que l’on appelle
« culture anglo-saxonne ».
Sans prétendre pouvoir décrire le comportement de tous les
australiens, nous pouvons donner un petit aperçu de ce que nous
avons vécu durant trois semaines. Le premier repas, et non le
moindre, de la journée est le breakfast : pris à 6 h 30,
il est composé d’un œuf ou deux, cuit de 5 ou 6 manières
différentes (mais que la langue française ne me permet
malheureusement pas d’énumérer) mais toujours servi sur un toast
BEURRÉ (d’ailleurs sachez qu’un toast est forcément beurré).
Le tout est généreusement accompagné du traditionnel Do you
want a cup of tea ? que nous retrouverons plus loin.
Le deuxième repas est le fameux smoko, inconnu en France,
et qui est typique des fermes australiennes. Il s’agit bien sur
d’une tasse de thé, prise sur le coup de 10 h et accompagnée de
beaucoup de biscuits, scones, et autres gâteaux sucrés ou salés. A
première vue ce « goûter du matin » ne semble pas
essentiel mais étant donné que vous venez de nourrir des vaches
durant 3 heures (ce qui vous a bien sûr ouvert l’appétit) et que
vous allez probablement y retourner, on ne refuse pas. Et puis de
toute façon c’est une tradition, ça ne se refuse pas, c’est
tout !
Le lunch (en self-service à partir de 13h) est beaucoup
plus léger que notre déjeuner, il s’agit généralement d’un
sandwich (deux si vraiment vous n’avez pas suffisamment apprécié
le smoko) et d’une tasse de thé avant de repartir travailler. Le
problème principal est que les aliments (pain, fromage, poulet et
crudités) sont toujours resservis d’un jour à l’autre et que
lorsqu’on ne s’en lasse pas c’est qu’il n’y en a plus (à
la fin c’était des sandwichs fromage-ketchup ou ketchup).
Le tea (oui on peut y prendre une tasse de thé) est le
repas qui ressemble le plus à son équivalent français, avec un
plat chaud et généralement quelque chose de sucré à la fin. Il
est servi à 18h30 (ce qui permet de s’écrouler dans son lit à
19h) et est plus convivial, c’est le moment où l’on peut
discuter de la vie en Australie avec nos hôtes. Encore une fois, les
restes sont à l’honneur puisque Coleen recuisine les mêmes
aliments 3 à 4 soirs de suite.
La dernière semaine nous ne discutions plus énormément avec nos
employeurs et nous avions la constante impression d'être dans leurs
pattes et de les saouler, il était temps de partir !:)
Elles n'avaient plus de travail pour nous, nous avons donc
contacté Jo , la manager de l'organisme que nous avons payé cher
pour avoir un boulot « garanti pendant trois mois » ,
elle a mis trois jours à nous rappeler et nous a dit qu'elle n'avait
rien et qu'elle nous rappellerai.
Résultat : ça fait
aujourd'hui deux semaines et nous n'avons toujours aucunes
nouvelles !!!
INCROYABLE, nous nous sommes bel et bien fais
arnaqués.
Heureusement, nous ne sommes pas du style à attendre
indéfiniment qu'un boulot tombe du ciel, nous avons donc décidé
d'empocher notre salaire, et de nous diriger vers la côte est de
l'Australie ( océan pacifique), seulement à trois heures de route
en bus, et de s'accorder un peu de répit dans une auberge de
jeunesse ou nous pourrons alterner baignades et recherche d'emploi, dans
un lieu où nous aurions la wifi illimité !
Nous avons donc pris un bus le 7 octobre direction : AIRLE
BEACH, paradis pour backpackers.
Le suite de nos aventures dans le prochain article.
Cheeeers
E&B
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